24 mai 2009

Guy-Michel Thor: Qui est ce gros corbeau noir ?

S’il fallait qu’il n’en reste qu’un, ce serait lui. Evidemment. Et puis de toutes façons, s’il ne devait réellement en rester qu’un, et un seul, il aurait déjà réduit tous les autres à l’état stationnaire de monticules d’osselets et de chair périmée à coup de francisque de Vichy et de bootlegs de Deep Purple. Guy-Michel Thor est l’homme de Neandertal dans toute sa splendeur, il SAIT que rien ne résiste au son gallique d’un riff de Gibson. Travail, Famille, Patrie s’agenouillent devant le Blitzkrieg Rock. Populaire comme personne (car tout le monde Aime GMT), robuste comme la Maison France et dévoué tel le Maréchal, Guy-Michel Thor est le sujet parfait de l’Ordre de la Pierre. Défenseur de l’élégance et du bon goût devant l’éternel, l’Académie Française, dégoûtante de modernisme globalisant, s’évertue à l’ignorer. Nous lui rendons hommage et ce n’est que justice.

And Justice For All.




Salut les loulous, voila mes réponses, merci de m'aider à refaire surface sur Internet, c'est pas les emmanchés de Rock & Fiotte qui se fendrait d'un papier sur ma courte carrière.

Monsieur Thor, il faut rappeler à nos lecteurs votre passé de musicien. L’oubli qui vous a frappé est l’une des plus grandes injustices des 70’s, ce qui explique sans doute votre reconversion... Mais nous en parlerons plus tard : Parlez nous de votre mythique ‘’Vacance à la Baule’’.Connaissez-vous The Guy-Michel Thor’s, ce groupe nommé en votre hommage ? Qu’avez-vous pensé de leur grand titre, ‘’l’Amour au surgelé’’?

- Pour commencer, il faut que vous sachiez que la biographie écrite par Bester n'est pas tout à fait exacte, et que sans connaître personnellement les Guy-Michel Thors (j'suis flatté hein, par leur initiative) il y a quelques incohérences sur la vraie histoire. De toute façon avec Internet on écrit n'importe quoi n'importe comment, je peux pas vous en vouloir, vous n'avez rien vécu d'aussi fort que nous en mai 68, avec notre woodstock français organisé par la bande à Bizot avec Pink Floyd et Frank Zappa. Enfin c'est ce qu'on m'en a raconté, j'avais la grippe. Pour revenir à Vacances à la Baule, c'est un album rarissime et introuvable enregistré à l'aube des 70' à, comme son nom l'indique, la Baule. Je faisais un break avec mon groupe avant la reprise de la tournée française avec Dynastie Crisis et Ringo, je n'y croyais plus, j'avais presque la trentaine et dans ce milieu le succès vient tot ou tu crèves. Bref, un soir on s'est saoulé au Pastis avec mon backing band, soudain Tony Visconti nous apparait dans une vision, hum, opiacée, et les chansons se sont empilées sur le 8 pistes, comme par magie, empilant double batterie et triple moog sur des titres tels que "J'entends siffler le tram" ou "Gringo Starr". Yavait un indien dans le groupe, aux cheveux longs, je crois que dans le feu de l'action on l'a confondu avec Shankar, c'est plus très clair. Parait qu'il est tombé enceinte par la suite. Enfin bref, l'album est parait-il culte au japon. L'amour au surgelé, par ce groupe de reprises, c'est une boutade non? En même temps, j'aime bien leur vision très clinique des années 80, j'ai presque de la nostalgie en repensant à ces étalage chez Mammouth, à cette époque je faisais plus grand chose, je créchais chez mon ami Plastic Bertrand et je regardais le top 50. Dure période.

En réalité une question nous brûle les lèvres : nous aimerions savoir comment vous en êtes arrivé, depuis votre exil provincial, à écrire sur Gonzaï ? Le Gonzo, d’Enghien-les-Bains, a-t-il encore un sens?

- Gonzaï, j'y écris assez peu au final, uniquement quand l'autre vient me chercher parce qu'il pense que mon point de vue de vieux qui a tout vu (ou presque) a de l'intérêt. Ce sont des commandes qui me permettent d'échapper au quotidien, j'écris pas trop parce que mon écran 15' donne des signes de fatigue, comme ma femme ah ah ah. J'crois qu'ils m'ont retrouvé à travers le site de Bernard Bacos, Paris 70 (http://paris70.free.fr/), enfin bon avec Bacos on s'est engueulé sur une shitsoitre d'argent pas payés, bref, il a viré la page qui m'était consacré. Gonzaï, je comprends rien de ce qu'ils racontent, mais ce sont les seuls à me laisser écrire mes conneries, donc j'avale. Enghien les bains, c'est très gonzo les gars, la mère de Pacadis a longtemps vécu ici, un jour j'ai même cru croiser Alain Kan, en 2002, en short, c'était un Le Coq Sportif je crois. Avec le temps, on se retire du milieu parisien, fini les fêtes, et pis faut dire qu'on me laisse plus beaucoup rentrer au Gibus maintenant, on me dit que je suis trop vieux. Pourtant Manoeuvre il rentre lui!

A long terme, aurons-nous la chance de vous voir revenir pour de bon avec cette nouvelle carrière de rock-critique, dans un des plus grands titres hexagonaux : Rock’n’Folk? Les Inrocks?

- Nan, je ne crois pas que je reviendrai. Tout d'abord, parce que personne ne me le demande, et puis surtout parce que depuis que ma femme a la flébite je suis obligé de rester avec elle, et Brandon, comme vous le savez, demande beaucoup d'attention (il écoute vraiment n'importe quoi, alors paf! dans sa gueule, des gros coups de ceinturon). Depuis que Philippe a refusé de sortir un papier écrit sur moi par, merde, comment il s'appelle le photographe qui a crevé d'un cancer y a deux ans, bref, vous retrouverez, on se parle plus, je lui envoie même plus de fax pour son anniversaire, faut dire que la dernière fois j'avais un peu trop dragué la greluche qui lui sert de nana, une attachée de presse de chez Warner qui a du avoir ses règles voila tout juste deux ans. Bref. Les Inrocks, c'est quoi? Un journal? Connais pas.

Guy-Michel, (je peux vous appeler Guy-Michel ?), pardon mais vous êtes le symbole d’une période révolue : parlez nous de l’avenir, parlez nous de votre fils Brandon ! Vous a-t-il initié aux nouvelles vagues du rock, vous a-t-il redonné confiance en notre époque ?

- Le futur, vu de chez moi, n'a pas d'avenir. Le rock est fini depuis que le paquet de cigarettes est passé à 4€ chez tous les kiosquiers. L'avenir, c'est dieu, de grandes cathédrales et des nymphes sans culotte avec un gros clavier KORG dans le cul. Votre génération ne connait pas assez la souffrance, elle ne sait pas que certains trous doivent rester béants et d'autres bouches un peu plus cousues. Mon fils Brandon s'amuse à numériser mes vinyles sur un machin MP3 très moderne, il ne comprend rien à la musique de l'époque, de mes King Crimson aux Frenchies, il trouve tout nul, c'est un raté, comme sa mère (ne marquez pas je risque de me faire virer de la maison). L'autre fois je l'ai emmené au lac d'Enghien les Bains et la seule chose qu'il a trouvé à faire c'est mettre des nouveaux machins de rock comme Elderberries ou les frankaoui de chez Herman DUne. Je pensais que c'était fini le syndicalisme français en tongue!!! Paf, une baffe dans sa gueule ouais, je sais qu'un jour il sera plus fort que moi, alors j'en profite eh eh eh.

Pour finir, un homme de votre envergure, qui a même rencontré Jacques Mesrine, a-t-il des projets, un idéal, un engagement politique à défendre depuis Enghien-les-Bains?

- Si je devais défendre un idéal politique, ce serait la dénucléarisation et le retour à la pauvreté pour tout le monde. Depuis que j'ai acheté mon 16/9 chez Darty (ca coute une blinde ces trucs là) et qu'on peut plus fumer ses Gitane dans les bars, j'ai comme l'impression que le monde tourne plus rond, et que le grand confort mondial annonce l'ère du chaos pour tout le monde. J’aurai 40 ans de moins, surement que je partirai vivre en Islande pour échapper à la civilisation. Manque de bol, je suis vieux, et j'aimerai juste réhabiliter le port de la moustache pour les jeunes. Ca et les ampli Revox, c'est tout ce qui vous manque, maintenant que tout a été fait.

Merci, Guy-Michel.

Nous tenons également à remercier notre intermédiaire, sans qui cette messe virtuelle n’aurait été possible.




Intro : Vic Vega / Questions : Dr. Benny

10 mai 2009

L'été sera tiède


En Mai, j’attends le soleil et les robes légères.
Mais tout ne guette pas le printemps pour refleurir. Les têtes de gondoles ont cette danse inlassable, quelque soit la saison.

En Mai, on repense à l’été précédent. Vaguement nostalgique des poignées de sables passées, des bikinis délacés, on veut Juillet.
Patienter. Et se saisir de l’I-Pod.
C’est la magie du son, irrémédiablement gorgé de ces souvenirs qui vous imprègnent à la première écoute.

En Mai, la nouvelle sensation n’est pas là, alors on guette les résumés des épisodes précédents.
Les nouveaux MGMT ? C’est Passion Pit, meeeec!
Et la nouvelle Amy Winehouse ? Là, aucun doute, c’est VV Brown.

A chaque carton, la file qui s’y colle est inévitable. On a bien eu Duffy, l’Amy Vache-qui-rit.
Ne croyez pas que je sois un puriste : si au début j’ai bien aimé Winehouse et ses manières vintages, malheureusement les succès généralisés me laissent perplexe. Du fan d’Indochine au quadragénaire qui regarde Taratata, tout le monde l’adorait. Alors moi je me sentais un peu angoissé.
Si Virgin Radio vaut largement les chants patriotiques diffusés de force en Corée du Nord, apprécier la musique ‘’sympa’’ c’est s’exposer à tout les lavages de cerveau, à toutes les polices d’Etat, à toutes les fouilles anales que l’on ne subira jamais. Ecouter un disque qui plait à tout le monde, cette horreur confortable, c’est l’expérience du totalitarisme démocratique.

Je ne doute pas que cette jeune femme soit sincère mais dès ‘’Shark in the water’’, on n’entend que ca. La petite Vanessa Brown a tout (com)pris. Le timbre, les inflexions de voix. La production est cependant plus pop, sans pour autant se refuser à quelques grosses cuissardes R’n’B.
Comme il n’y a rien de tel que de se barbouiller de patine retro pour s’acheter une âme, on retrouve les mêmes biberons vintage que ‘’Back to black’’ : doo-wop et oldies swing fifties. Sur ‘’Crying Blood’’ il est même question d’une histoire d’amour qui a mal tourné, ce qui me rappelle quand même vaguement quelque chose.
Je ne mens pas, tout est ici.
Pour le look, on privilégiera une adéquation de l’emballage, très stylé hype-flashy donc, avec un zeste de 50’s.
Comme c’est physiquement plus pulpeux que famélique, ca plaira aussi au grand frère. D’ailleurs ca plaira à tout le monde, les caissières, les cadres sup’, les lycéennes, les fans de justice, les échangistes, les gnous, les baby-sitters, IKEA, les amateurs de tuning, les nymphomanes, les programmateurs de radio, rock’n’folk, les profs d’anglais, les consommateurs de créatine, Gwen Stefani…

En enfonçant le clou pop dans la soul soupe, le produit VV Brown confirme le XXIème siècle musical dans son paradigme paradoxal d’un Indie Mainstream.
On se demande pourquoi elle n’est pas programmée à Rock en Seine.
Ils ont pourtant Sliimy, qui rêve de se faire prendre sur un piano en barbapapa par Mika, son Freddie Mercury des H&M.
J’imagine qu’ils ont déjà rempli leurs quotas d’IndieBlackMusic insipide avec Ebony Bones, la nouvelle M.I.A/ Santigold, mais je m’égare…

Lorsque vaguement branché, référencé mais pas trop, le désespoir se coince entre analogique et mp3 en viande à sticker Fnac, Mai ne me donne plus qu’a souhaiter Septembre.

Dr. Benny

3 mai 2009

It's Complicated


Je vis une histoire très compliquée avec Facebook. Ce matin par exemple (en considérant que le matin est l’instant où je daigne me libérer de l’emprise aussi démoniaque qu’odorante de mes draps, en début d’après-midi) j’ai éprouvé toutes les difficultés du monde à ne pas me défenestrer en apprenant que cinq de mes amis étaient fans de câlins et que deux d’entre avaient pour loisir favori de sucer des poneys morts. Bon, je mens, ça m’a beaucoup fait rire le coup des poneys, et du coup j’ai avoué publiquement mon attirance pour la fellation équidée en devenant « fan » de la page en question. Mais je ne déconne pas pour le coup des câlins, des bisous dans le cou et des mains dans la culotte. Facebook aurait pu être une source intarissable de calembours, une manière de montrer que vous aussi, au moins virtuellement, vous êtes quelqu’un qui sait jongler avec les situations, manier et détourner les mots et faire preuve d’une finesse tellement surprenante qu’elle en est érotique, aphrodisiaque. Mais non, j’oubliais que vous êtes cons. Et que par conséquent, Facebook n’est qu’un triste reflet de votre médiocrité, de votre incapacité à ne pas déblatérer des âneries indigentes qui ne casseraient pas deux cornes à un buffle en porcelaine, même si on les lançait avec toute la rage qui peut m’animer quand je me laisse divaguer sur des sujets très futiles. Vous ne serez jamais mieux qu’en vrai, pas même avec un temps de réflexion et libéré des contraintes sociales et physiques que sont le regard d’autrui et son jugement injuste.

D’un autre côté, comment rester fâché longtemps contre Facebook ? Tapi dans l’ombre pour se protéger de mes invectives contre ses procédés débilo-honteux et sa faculté à exacerber la connerie humaine, Facebook sait user de ses charmes pour revenir dans la lumière, apaiser mon courroux et m’offrir une gâterie en octets. Comme une invitation à une soirée dans l’un des meilleurs bars parisiens, l’UFO, organisée par le webzine missionnaire de la subjectivité magnifiée, Gonzaï, et avec en guise de vedettes du mercredi soir le groupe français le plus captivant du moment, les Mantis.

Ah, l’UFO. Je me souviens d’une entre triomphale sur Peace Frog des Doors, Dr. Benny et moi-même pénétrant dans le saloon en tapant des talons contre les Portes. Je me souviens de trop de verres payés, trop de shots offerts, trop de boissons ingurgitées. Je ne me souviens plus de rien.

Ah, Gonzaï. Tant de règlements de comptes d’artistes néfastes, de journalistes gériatriquement frileux, de pontes de l’industrie du disque au braquemard pseudo-mélodique. De l’héroïsme haut-débit.

Ah, les Mantis.
Il fut un temps pas si lointain où j’allais voir des concerts dans des lieux évidents. Vraiment évidents. Comme le Gibus, simple exemple. Se frayer un chemin très facilement parmi les pétasses auto-tamponnées, croiser Manœuvre qui essaye de voir quelque chose dans l’obscurité conjuguée des spotlights cocardés du club et de ses wayfarer La Foire Fouille, et surtout concentrer la plupart de son attention à essayer d’éviter d’écraser un gnome ante-proto-pré-pubère à deux mètres de la scène. Scène sur laquelle se produit un groupe qui ressemble à s’y méprendre au groupe précédent…d’ailleurs, je me méprends, c’est effectivement le groupe précédent qui n’a toujours pas cessé de singer Sexe, Armes A Feu & Cie malgré les constantes supplications de mes oreilles meurtries. Les Prostitutes sur la scène du Gibus, ce sont trois ou quatre Croustibat de Findus perdus sur l’étalage d’un poissonier de luxe au bord de la faillite. Ici, pas vraiment de rock’n’roll. Le son y est policé comme Scotland Yard et Tonton Philou vire les gamins ivres qui montent sur scène pour épater leurs copines. J’y ai en revanche eu une révélation. Oh, pas le genre de petite révélation qui vous fait vous gratter d’abord celle de gauche au réveil, et non plus celle de droite qui commençait sérieusement à s’irriter. Non ! Une vraie PUTAIN de REVELATION. Celle qui fait vagabonder vos pensées à travers la plaine de l’attentisme, leur fait faire des bonds et hurler à pleins poumons des complaintes haineusement larmoyantes d’auto-accablement pour ne pas s’être rendu compte de cela plus tôt. La folie investit mon cortex cérébral et dirige mes actes. Il est désormais absolument capital que je fasse n’importe quoi pour conjurer le sort. Corriger un bouc suintant le rhum en Laponie, ingurgiter une tarte à la rhubarbe barbituriquée, écouter un disque de U2. Non, pas U2, surtout pas maintenant.

The Mantis est un groupe prodigieux.

Quand leurs collègues se cachent derrière la bannière Rock XXIème Siècle, Les Sixties C’était Cool Mais Ca L’Est Encore Plus Depuis Les Libertines, eux brandissent l’étendard du Gun Club, groupe qui assume son affreuse époque (la décennie des sacro-saints synthés crétins et du look asexué) pour mieux la découper au rasoir vintage. Là où Naasts et autres Second Sex placent des rythmiques syncopées-branleurs, The Mantis allonge la monnaie et fait durer le larsen. Psychédélisme, Free Jazz, Punk Bruitiste sont autant d’anguilles sous Rock balancées dans un aquarium de fureur léthargique. Le Magic Aquarium, le vrai.


Toutes les conditions sont conjuguées pour que la soirée soit plus que parfaite. En fait, non, mais la hâte m’ayant envahie à la perspective d’un set acoustique des Mantis, j’en oublie le reste du flyer. Grossière erreur. Faute de débutant ou lose inhérente ?

Le set des Mantis est sans surprise, excellent. Ils prouvent que même Rémy Bricka a raison d’être multi-instrumentiste. Violoncelle, saxophone, percussions en tout genre, autant d’instruments maitrisés que de contrées ensorcelées survolées. Un bémol cependant. J’ignore s’ils donnent souvent des prestations acoustiques mais les transitions sont à retravailler. Cela éviterait cet instant de silence embarrassant à la fin de chaque titre, au cours duquel chacun se demande s’il faut applaudir, reprendre du Prozac ou rédiger une thèse sur l’utilité des procédés chamaniques en temps de crise financière.
Peu importe, impossible que la soirée tourne mal après un tel concert. Mais impossible n’est pas Français, parait-il. Et l’ombre menaçante vient s’incruster sur le tableau du jour tel un furoncle sur le visage d’une starlette pleine de vie.
Broken Letters.
C’était donc ça, la suite du flyer.
Et « ça », c’est un combo de pleurnichards folkeux à flûtiots mal assurés. Le genre de groupe qui a trouvé une idée exploitable et la brode minablement et interminablement dans tous les sens possibles et imaginables à longueur de berceuses sous tranxène. Un espèce de croisé malsain entre Terry Reid et Moriarty. J’en ai perdu ma colère, remplacée par un dépit morose devant tant de tristesse virginale mal orchestrée. L’homme qui murmurait à l’oreille du micro annonce la dernière chanson et je vomis ce qui me reste de bonheur dans les toilettes un peu glauques du bar. J’ai des visions de bébés parsemés d’herpès en pleine combustion sur un barbecue en poils de hyène. Foutus cafards acoustiques…

Je ravale mes larmes dans une dernière bière avant de rentrer. A peine la force d’un dernier tour sur Facebook. Elle ne m’a toujours pas envoyé de poke. Sale soirée…


Vic Vega

21 mars 2009

Peur Et Pertes, mais surtout Pertes!

Je suis toujours un peu triste lorsque souffle le vent
Je sais qu'il disperse de la poussière d'enfants
Fuzati, Vive La Vie.


L’inconvénient avec toute cette musique digitale, c’est qu’on peut tout perdre en un rien de temps. Un coup de vent et les octets s’envolent.
J’en ai fait l’expérience il y a peu. Mon disque dur externe a rendu l’âme, alors que ma « bibliothèque » I tunes prouvait qu’elle ne faisait pas d’état d’âme. Et voilà. Partie, ma discographie des Pretty Things, volatilisés mes mp3 des premiers titres de Polnareff, Goodbye Marr et Lou, et on se reverra en enfer, Going To Hell ma discographie du Brian Jonestown Massacre.
Je devine que vous m’imaginez alors au bord de la rupture, Living On The Edge, jouant un jeu dangereux avec le précipice, désabusé, esseulé. Ah si, je vous entends d’ici : « Allez, vas-y sur Jiwa, met en route You Don’t Understand Me des Raconteurs, glisse ta nuque au cœur du nœud coulant et arrête de nous gonfler avec ta prose maladroite ». Raté.

L’avantage avec toute cette musique immatérielle, c’est qu’on ne s’y attache pas tant que ça. Je n’ai même pas réussi à m’énerver quand j’ai compris que mes entités informatiques tentaient d’imiter Gérard Majax. Réflexe viscéral, j’ai balancé une ou deux vulgarités. Reflexe bovin, j’ai tapé sur mon disque dur. Mais rien d’autre. Pas de larmes de colère, ni de lancer d’unité centrale par la fenêtre. Encore moins d’insultes en Allemand ou d’automutilation au rasoir. Après tout, j’ai perdu quoi sinon du vide ?

Parce qu’on a tout compressé, tout compacté en octets dans des objets toujours plus petits comme on tasse ses slips trop grands dans sa valise à roulettes avant d’aller s’abrutir une semaine ou deux à La Baule (parce que c’est Sympa), tout dématérialisé. Tout réduit en miettes de rien. France Miniature, Monde Miniature même ! Parce que la frime passe par le nombre de giga octets stockés dans un endroit machinal (c’est bon pour l’éGO), qu’il faut avoir tout entendu et rien écouté, tout lu sur wikipédia et rien retenu, ou presque. Capitalisme intellectuel. Plus on en aura, moins on en profitera ! Tout en masse, et rien dans la face. Et certains se demandent encore pourquoi le rock’n’roll, pourquoi la musique ne réveille plus les bas instincts des moins de 18 ans, ne donne plus envie d’agir pour changer le monde, changer sa vie, changer le cours de sa soirée. Agir, vivre et ressentir.


Denis, 47 ans, assistant juridique d’une concession Renault de Gironde, rentre chez lui plein de fierté, ce samedi soir. Il a trouvé de quoi faire plaisir à son épouse Valérie, 43 ans, mangeuse d’invalides de naissance. « Chéri, j’étais chez Deco&Con, j’ai trouvé un petit cadre magnifique ! Le vendeur m’a dit qu’il s’appelait Musique. Je pensais le mettre derrière la télé, entre Publicité et SNCF. Ou alors, on pourrait déplacer Supermarché Du Mardi Soir et l’y mettre à sa place ». La soirée tourne en eau de boudin lorsque Valérie avoue à son mari qu’elle trouve le nouveau petit cadre banal et qu’il leur a coûté une petite fortune. Denis a beau répliquer qu’il a forcément une valeur sentimentale, il n’en prend pas moins une leçon de vie. « Fini, je laisse ma femme s’occuper du paysage, elle s’y connait mieux ».


Et me voilà sur Youtube, Deezer, Myspace à écouter de la musique. Position ultra-passive. Il manque le rapport de possession, j’ai l’impression de regarder la télé derrière la vitrine d’un magasin. Bien sûr, je pourrais racheter des disques. Mais le geste en est devenu ridicule, honteux aujourd’hui. Quitte à me mettre à genoux, autant le faire gratuitement. Tiens, il me reste David Bowie. Ch-ch-ch-changes…



Vic Vega

19 févr. 2009

Autoroute de garage


Le souffle froid de la hype dans l’air du temps m’a encore mené au Myspace d’un groupe peu connu…
Plus pour longtemps…
Mais seulement le temps de quelques mois.
Avant la suite.

Side-project bipartite des australiens Pnau et The Sleepy Jackson, voici Empire of the Sun.
Direct c’est mauvais goût SF avec pour photo deux crétins aérographiés en dominateurs cosmiques, genre de portrait mégalo que l’on imaginerait bien au dessus de la cheminée des frères Bogdanoff.

Deuxième remarque: c’est mauvais. Mélodies indigentes, relents 80’s mais surtout pompage opportuniste de la voix des vainqueurs de 2008 -MGMT- sur lequel le chanteur a du laisser accroché ses amygdales pour bien vaseliner le son de 2009.
Comme la plupart de nos groupes pop c’est soit inoffensif, soit abrutissant.

Sursaut.
Walking on a dream.
La chanson la plus fun que j’ai pu écouter en ce début d’année, à match nul avec les Eagles of Death Metal d’I wanna be in L.A.
Venu d’on ne sait où, elle empile les éléments précités (mélodies indigentes, etc.) pour en faire la seule chanson qui fonctionne.
Pas n’importe quel revival 80’s, on a des visions : L.A, palmiers, highways californiennes, Las Vegas et cocaïne of course.
Graal de ceux qui rêvent de passer le prochain été dans un roman de Brett Easton Ellis.
Ça commence avec du clavier liquide bien kitsch dans une dimension où toute rythmique se doit d’être synthétique. Couplet/Refrain, c’est la même ligne qui déroule jusqu'à la fin.
Beat massue inévitable et on a même le droit aux aiguës et à une petite guitare funky, mais jamais groove.
De la pop blanche qui n’explose jamais, parfaite pour les bords de piscine.
Comme I wanna be in L.A.
Zéro inventivité, zéro technique. ‘’Moins que zéro’’ même.
Ici le mauvais goût fait naitre des images pour 3min17s d’un autre monde.
Walking on a dream.
C’est à la pop ce que The Darkness est au glam-rock : une balourderie vulgaire de moumoute rose, lifting parfait de sons ringards postmodernisés pour notre glorieuse époque.
Sans tenue, liquéfié, moche et pourtant incroyablement drôle.
Du vomi à paillettes.

Dr. Benny

www.myspace.com/empireofthesunsound

16 févr. 2009

Pose Poussière

Ces derniers temps dans la Caverne de la Vie Là-Bas (ici, en fait), résonne un mot plus fort que les autres.

Hobo

Résidu d'imaginaire collectif de la piste aux étoiles, le hobo est un travailleur itinérant. Un prolo-bohème. Celui dont les rides encéphaliques recueillent l'expérience du pénible, dont les vêtements sont moites et noircis de crasse en toutes circonstances. Il porte les marques de son labeur sur son visage, sur ses épaules. Pas étonnant qu'il soit au premier plan de la vitrine des héros de l'Amérique contemporaine.

Et pourtant, c'est par un rescapé d'Albion, fils de bobos, habitué des écoles de musique que cette figure parvient jusqu'à nôtre ignorance. Vous entendiez déjà Like A Hobo avant de connaître Charlie Winston. L'interprête de la chanson que tout le monde connait, même inconsciemment. Le "digne successeur" de The Do et son On My Shoulder (si au cours de ses six derniers mois vous vous êtes surpris à fredonner un truc du genre La Lalala Lala La Lala La, alors vous voyez ce que je veux dire).

Pas de doûte, Like A Hobo est une bonne chanson pop. Mélodie simpliste, voix amicale. Et surtout, une bonne dose de caresses clitoridiennes à l'inconscient collectif. Les sifflements ramènent inévitablement aux westerns sauce tomate de Sergio Leone, alors que le son se la joue folk auprès du grand public. Folk studio, chalereux et beau parleur. Toujours mieux que les miauleurs acoustiques à qui on a confisqué les croquettes, façon Cocoon.

Charlie Winston plaira à tout le monde. Même aux bobos, car il est l'alter-égo de leur mode de vie. En ces temps de crise invisible, il s'occupe de la tournée promotionelle d'un mythe personnifié modeste et volontaire. Et si Charlie Winston était l'instrument ultime de la mafia politico-financière pour faire passer la pillule en douceur? Nous faire lécher la poussière sur sa guitare et en redemander...



Vic Vega

10 févr. 2009

Extinction de voix

Affalé dans mon canapé, fatigué par une intense journée d'ennui, j'observe le monde par le trou de la serrure, par la petite lucarne. Oasis est au Grand Journal de Canal +.

Peu inspirés, les rosbeefs qui partagent leur patronyme avec le nom d'une chanson de Feu Carlos (Carlos: n.propre, chanteur calorique à chemises à fleurs fânées), jouent sans envie un I'm Outta Time bien fade. Hors du temps signifie donc hors-sujet. Oasis n'est plus de cette époque. Bien lointain est le temps où le Rock'N'Roll avait besoin de superhéros -vulguaires comme un slip par-dessus une paire de collants- pour survivre aux 90's, aux compiles Techno Tunning Makina et au post-grunge dépressif.

Dig Out Your Soul était une belle tentative de rédemption. Mais elle a accouché d'un dromadaire vacillant. Moins majestueux que sur mon paquet de Camel. Je vais m'en fumer une, oublier que les héros n'ont toujours pas été remplacés...


Vic Vega